Pourtant, il y a des changements et parfois des exemples qui font plaisir à voir. Il y a quelques jours, j'assistai à la réunion maitresse - parents d'un des enfants de la maisonnée, en classe de CM1.
La maitresse commence par un tonitruant : "je vais m'éclater". Ca fait plaisir à entendre. Et d'enchaîner propositions et clins d'oeil pédagogiques. Morceaux choisis :
- elle propose des contrats aux enfants, à celui-là, timide : "je ne t'ai pas beaucoup entendu aujourd'hui, demain on se met d'accord pour que tu lèves le doigt 5 fois" --> du développement de la notion d'engagement;
- habilement, elle fait passer un message aux parents en se mettant en scène : "quelquefois, je ne comprends pas ce que l'élève ne comprend pas, il faut que je me creuse la tête pour me mettre à sa place" --> un zeste de réflexe d'empathie;
- elle fait faire des exercices de représentation mentale : "fermez les yeux, pensez à un chat, que voyez-vous ?" Les élèves voient de multiples choses, un chat qui court, un chat qui dort, une bande dessinée, le mot chat écrit en majuscule, et certains... rien ! "Imaginez, celui qui ne voit rien, que va-t-il comprendre quand je parlerai de fraction ou d'accord du participe passé" --> de la diversité de l'appréhension de l'abstrait;
- elle met en place le tutorat entre élèves en soulignant que cette méthode profite aux 2 protagonistes... essayez d'expliquer ce que vous avez compris, vous en aurez une connaissance plus solide --> ou comment valoriser la délégation et le devoir didactique de chacun;
- elle leur propose l'énigme de la semaine - avec 2 seaux, l'un de 3 litres, l'autre de 4, comment avoir exactement 2 litres --> vous avez trouvé en combien de temps ?
- etc...
Quant à l'assemblée de parents, toutes les angoisses propres de l'enfance resurgissent. Ce père de famille qui interpelle la maitresse : "quand je vois comment le cahier de mon fils est tenu, je hurle (SIC)". Et la maitresse de répondre avec calme et fermeté : "certains élèves ont une vilaine écriture. Ils sont proches de la stabilisation de leur calligraphie. Je ne renvoie pas les cahiers des élèves qui écrivent mal, sinon certains ne décoleraient jamais. Si je n'arrive pas à lire, bien sur, je leur demande de refaire. Mais on en est à l'apprentissage de la compréhension, de l'interprétation." Un autre parent de rajouter facétieusement "certains médecins écrivent très mal"...
Enfin, je note que sur chaque point évoqué pendant la réunion, les "ho" et les froncements de sourcis, les mini-débats et les inquiétudes montrent qu'il y a presque autant d'avis que de participants.
Que c'est dur d'éduquer... Moi, je pense que cette classe est entre de bonnes mains !