Ce matin je vais faire quelques courses. Quelle ingéniosité pour tous ces emballages que je vais jeter à la poubelle dans quelques minutes. Ce petit garçon pleure dans les bras de sa maman. Je le regarde droit dans les yeux, lui souris, il s'apaise.
A la caisse, une dame me demande de passer devant moi, elle n'a qu'un article... elle passe donc, puis double aussi la vieille dame qui me précède. Finalement, elle signale à la caisse qu'elle veut acheter la télé à 50 € qui est juste là et qu'elle n'avait pas vue. Sa petite fille patiente (un divorce pensais-je). A son tour, il me demande de passer devant moi - il n'a qu'une demi-douzaine de cannettes de bière dans son sac, il risque d'attendre son bus une heure, son haleine sent le vin, c'est vrai qu'il est déjà 10h30 - passez-donc.
Pendant que l'acheteuse de télé enfourne l'engin dans son coffre, en poussant un peu sur la lunette arrière, je me décide à aller chercher le pain à pied : 300 mètres aller-retour, une arrière pensée de préservation de la planête et d'exercice physique en tête.
Première bonne nouvelle : une auto s'arrête pour me laisser traverser sur le passage piéton. Je cours pour ne pas le faire attendre. Le conducteur a environ 65 ans. Je déambule, l'oeil agrémenté par les morceaux de plastique qui se bagarrent l'espace de la rigole herbeuse avec des tessons de bouteilles et autres saloperies. Hé, hé, je l'ai vue la merde de chien, je ne suis pas un débutant des trottoirs.
Deuxième bonne nouvelle, le boulanger annonce 2€15, je lui donne le compte, il me rend 11 centimes - j'avais mal entendu, il m'avait dit 2€04. Les baguettes au bras, je m'en reviens vers la voiture. Flute et zut, un 4X4 barre 95% du trottoir. Je me colle au mur pour passer, puis ayant vaincu le véhicule de nos villes modernes, je ressends une mollesse à l'arrière du pied gauche : paf le chien !
Troisième bonne nouvelle, la merde est sous le pied gauche. Que doivent penser les conducteurs alors que j'agite ma jamble dans une flaque d'eau pour débarasser mon talon des excréments flasques. Bof, personne ne me regarde. J'avance, je passe sous la voie de chemin de fer. Là une barrière empiette sur le trottoir pour protéger les passants. Les voitures se croisent sur la route. Je dois m'arréter, me coller au mur pour laisser passer la vieille dame et son cabas. Pas assez d'espace, la route domine le trottoir.
Retour à la voiture, derniers frottis de godasses dans l'herbe. J'écris immédiatement ces quelques furtives impressions dans mon pocket PC. Devant moi, défilent les grosses voitures affairées.
Nous vivons une époque moderne.